Trastevere. Société et transformations urbaines du XIXe siècle à nous jours

Plus d’un siècle et demi d’histoire urbaine, sociale, culturelle et manufacturière d’un quartier millénaire à l’identité très marquée raconté à travers quelque 400 clichés photographiques. L’exposition « Trastevere. Société et transformations urbaines du XIXe siècle à nous jours », patronnée par l'Assessorato alle Politiche Culturali de la Mairie de Rome et par CROM-Università des Studios Roma Tre et dirigée par Carlo M. Travaglini, K. Lelo, C. Mazzarelli et G. Stemperini, sera installée au Museo di Roma in Trastevere du 15 décembre 2007 au 24 mars 2008.
Quant à la section de l’exposition consacrée au Janicule, c’est l’American Academy in Rome qui l'accueillera du 14 février au 15 mars 2008.
Un voyage à travers les interventions accomplies et celles qui sont restées inachevées pour revivre l’histoire et les changements vécus par le quartier. L’exposition est le fruit de recherches iconographiques, d’archives et dans les périodiques de l’époque elle est organisée en six sections qui traitent respectivement les événements et les changements du tissu urbain du quartier, son patrimoine historique, l’histoire du Tibre, l’histoire des lieux d’assistance, de formation, de réclusion et de production du quartier, les changements sociaux et culturels. La dernière section, consacrée au Janicule, sera installée à l’American Academy in Rome.
La première section, « Événements et changements du tissu urbain », part des travaux réalisés sur l’ordre de Pie IX (années 60 du XIXe siècle) en réponse au besoin d’assainissement de ce quartier pour se poursuivre par la réalisation du Plan d’Aménagement de 1883 qui entraîna la démolition d’ensembles architecturaux entiers afin de permettre la construction d’une nouvelle avenue, le « Viale del Re » (l’actuel Viale Trastevere).
La construction des murailles du Tibre donna lieu elle aussi au réaménagement et, plus souvent, à la démolition de bon nombre des bâtiments qui se dressaient le long du fleuve, notamment le magnifique Théâtre Politeama dont l’exposition offre deux rares photographies, la Torre degli Alberteschi et l’église San Salvatore, une des plus anciennes du quartier (représentée avec l'aspect qu'elle avait au XIXe siècle par une aquarelle de Roesler Franz). Le nouveau Plan d’Aménagement du début du XXe siècle, qui correspond à l’entrée au Capitole en tant que maire de la Ville d’Ernesto Nathan, et le Plan de 1931 approuvé 9 ans après la Marche sur Rome apportèrent d’autres changements significatifs.
Le dernier, en particulier, préconisa la construction de l’Œuvre Nationale Maternité et Enfance, du cinéma Reale, de la Maison de la Jeunesse Italienne du Littorio et du cercle de loisirs (« Dopolavoro ») des Monopoles d’État. Mais l’intervention qui eut l'impact le plus important fut assurément l'ouverture du tunnel souterrain de la colline du Janicule, nécessaire pour relier les nouvelles zones d’expansion le long de la Voie Aurélienne au centre de Rome. Les nouveaux projets d’amélioration élaborés en 1939 furent abandonnés rapidement avec le début de la guerre. Guerre qui porta, lors du bombardement du 15 février 1944, à la destruction de hangars industriels et d’habitations et à la mort de nombreuses personnes. À la fin de la guerre, la construction de nouveaux logements se poursuivit à un rythme très soutenu aujourd’hui encore, Trastevere garde dans la succession inharmonieuse des bâtiments qui peuplent le noyau ancien du quartier le charme de cette histoire millénaire que les Plans d’Aménagement de l‘époque républicaine (1962 et 2003) se sont engagés à sauvegarder.
La deuxième section est consacrée à l'iconographique du « Patrimoine historique » de Trastevere. Les images documentent les bâtiments qui se penchaient sur le fleuve avant la réalisation des murailles de contention, les murs du Janicule élevés sous Urbain VIII et surtout les interventions radicales mises en œuvre à partir des années 30 du XIXe siècle sur les églises Santa Cecilia et Santa Maria in Trastevere et dans les espaces qui les entourent.
La relation entre Trastevere et son fleuve est racontée dans la troisième section, « Tibre, ponts et ports », qui montre la transformation urbaine et sociale produite par l'édification des murailles de contention du fleuve à partir des années 80 du XIXe siècle. Avant cette date, le quartier était parsemé de témoignages des activités économiques liées à la présence du fleuve ports commerciaux, quais d’accostage pour les bateaux et moulins flottants faisant alors partie du paysage urbain. En dépit des avantages économiques d’apportaient ces activités, le Tibre ne manquait pas de créer régulièrement des problèmes d’inondation. C’est la raison qui porta à la construction des murs de contention, qui modifièrent complètement la configuration urbaine de la ville et du quartier avec la démolition de maisons, de ports, d’églises et du phare construit par Pie VII au début du XIXe siècle.
Mais Trastevere a aussi été un quartier avec une forte vocation d’assistance. La quatrième section, « Lieux et formes d’assistance, de formation, de réclusion et de production », relate l’histoire des institutions de Trastevere nées avec la mission de fournir instruction, formation et soins sanitaires. Les conservatoires, les hospices, les écoles, les maisons de soins et les instituts pénitentiaires étaient souvent aussi des lieux de travail les activités qui s’y déroulaient étaient en effet une partie intégrante de l’économie du quartier, véritable pilier du système de production de la ville.
Par sa position sur l'autre rive du fleuve mais proche du centre historique, la zone de Trastevere a été traditionnellement choisie pour y installer des centres de détection, à tel point que dans la dernière partie du XIXe siècle, la presque totalité de ceux-ci se trouvait dans ce quartier.
La cinquième section « Société et culture » illustre, par une émouvante succession d'images, certaines des vicissitudes de l'histoire politique et sociale tourmentée de Trastevere, une histoire toujours marquée par la forte identité et par un enracinement solide dans le territoire. Cette section narre notamment le changement radical que subit Trastevere dans les années soixante, quand un quartier encore portement replié sur lui-même et essentiellement statique fut relevé par des tendances juvéniles innovantes et par une nouvelle effervescence culturelle. Citons à ce propos les « enfants des fleurs » qui peuplaient la place de Santa Maria in Trastevere et l’atelier musical de Folkstudio, via Garibaldi, qui a vu naître quelques-uns parmi les auteurs-compositeurs-interprètes italiens les plus célèbres tels que Francesco De Gregori, Antonello Venditti et Rino Gaetano.
Mais aujourd’hui encore, le Trastevere de Pinelli, Belli et Trilussa reste vivant à travers les racines profondes et la vitalité intense d'un quartier qui est devenu principalement touristique et s'est transformé en l'une des zones les plus cosmopolites de la capitale.
La sixième et dernière section, « Le Janicule », qui s’installera à l’American Academy in Rome à partir du 14 février 2008 racontera en images l’une des zones les plus fascinantes de la ville de Rome. Un parcours riche en évocations artistiques, historiques et littéraires qui se fondent avec les souvenirs de son histoire plus récente.